mercredi 20 août 2014

Demain la veille ou la joie d'avoir vécu - Jacques Olivier Durand


Présentation de l'éditeur :


Avec plus que quelques mois à vivre, le narrateur pourrait profiter des derniers plaisirs de la vie. Mais au lieu de se cogner au présent, il va profiter du temps qu'il lui reste pour adresser les remerciements qu'il n'a jamais exprimé.  




 Mon avis : 
  
La première question que je me suis posé en commençant le livre c'est s'il allait falloir sortir les mouchoirs. En fait, il y a de beaux moments d'émotion, le début en particulier, mais aussi tout au long du récit,  émotion que chacun ressentira probablement plus ou moins intensément selon sa propre expérience. Le narrateur nous donne de très jolies leçons de vie au travers des remerciements qu'il exprime, les rencontres avec de belles personnes , les souvenirs de lieux qui ont marqué sa vie, la chanson, le théâtre et bien sur ses proches, famille et amis.

Sans doute ai-je été particulièrement sensible à ce récit étant d'une génération proche de celle du narrateur avec beaucoup de références  culturelles communes, mais avant tout c'est l'idée de ce retour positif sur le passé qui m'a beaucoup touché.

Le style est clair, simple, agréable. Un très beau livre. 

 Extraits :

La lune, me répond doucement Léa, c’est la façon dont on la regarde qui la fait ou non briller ; elle ne peut être qu’une pâle virgule dans un ciel voilé ou devenir un astre brillant, objet de rêves mystérieux.

 Personne ne peut mesurer l’importance que prit ce non sans justification profonde, sans préparation véritable, sans avenir calculé, moi qui justement n’ai jamais su dire non. En le prononçant, j’ai pour la première fois eu le sentiment d’être complètement maître de ma liberté, d’être enfin (bien que la formule soit un peu pompeuse) l’auteur de ma vie. Pour la première fois.

 Tous m’ont appris que l’acte d’écrire ne se justifie que s’il est vital ; s’il permet de vivre ou de survivre, comme dans le sublime et bouleversant L’Autre et l’Écrivain de l’Uruguayen Carlos Liscano qui a rencontré l’écriture dans la solitude des prisons, jusqu’à se faire dévorer par elle, aux sens propre et figuré, pour conclure que l’écrivain qu’il est, est peut-être bien une invention. Je voudrais tant croire aujourd’hui que lire aussi aide à survivre.

Comme je partage votre point de vue ! Les livres sont une armée d’occupants. Ils commencent par s’approprier une partie de votre territoire (souvent votre bureau) puis s’infiltrent peu à peu, dans les autres pièces, une par une. Insidieusement. Ils grimpent aux murs, repoussent les plafonds, rampent sur les sols où rien ne peut les repousser ; se glissent dans les espaces les plus étroits. Parfois, prétextant un coup de main, ils s’érigent en pied de table ou en tabouret.

 Je vous invite donc à la plus extrême vigilance. Car pour notre grand malheur, croyez-moi cher Monsieur, les livres, à notre insu, se reproduisent. Je n’ai certes jamais assisté à une copulation (cela doit se faire in vitro !) mais je crois mes soupçons fondés : ne voit-on pas apparaître en format de poche des ouvrages qui ressemblent trait pour trait à leurs parents ?

Je ne compte plus les spectacles qu’elle m’a permis de découvrir, les émotions qu’elle m’a fait partager, les moments de joie ou de tristesse qui ont bousculé ma propre pensée. Être ému jusqu’à penser autrement, c’est cela qu’on demande aux œuvres d’art.