jeudi 26 juillet 2012

Avant d'aller dormir - S.J. Watson

Présentation de l'éditeur :


À la suite d un accident survenu une vingtaine d années plus tôt, Christine est aujourd'hui affectée d un cas très rare d'amnésie : chaque matin, elle se réveille en croyant être une jeune femme célibataire ayant la vie devant elle, avant de découvrir qu elle a en fait 47 ans et qu'elle est mariée depuis vingt ans. Son dernier espoir réside dans son nouveau médecin, Ed Nash. Celui-ci lui a conseillé de tenir un journal intime afin qu'elle puisse se souvenir de ce qui lui arrive au quotidien et ainsi reconstituer peu à peu son existence. Quand elle commence à constater de curieuses incohérences entre son journal, ce que lui dit son entourage et ses rares souvenirs, Christine est loin de se douter dans quel engrenage elle va basculer. Très vite elle va devoir remettre en question ses rares certitudes afin de faire la vérité sur son passé... et sur son présent.

Mon avis :

Du vrai suspense !
Le problème de ce roman est qu'on ne peut plus le lâcher une fois commencé, le suspense est mené d'une façon magistrale d'un bout à l'autre.
L'histoire se déroule en trois parties. La première nous fait rencontrer Christine qui se réveille sans le moindre souvenir, la description est très bien faite, c'est là qu'elle (re)découvre et nous aussi le fameux journal qui va tenir une place importante dans la suite du roman. La seconde partie est une relecture de ce journal avec les différentes découvertes et questions qui se posent pour notre héroïne. Et la dernière partie est le dénouement tout à fait inattendu de l'histoire.
Cette histoire repose sur des fondations peu crédibles si on y réfléchit un peu (curieuse sorte d'amnésie, entourage bien peu curieux) mais cela n'a pas d'importance, l'histoire est rondement menée et ce n'est que dans les toutes dernières pages que l'on commence à se douter de ce qui s'est passé réellement.
Une écriture vive et précise, une histoire bien menée, beaucoup de qualités pour un roman à lire d'une seule traite.

mercredi 25 juillet 2012

La vie, l'univers et le reste - Douglas Adams

Le guide galactique, tome 3

Présentation de l'éditeur :

Pourquoi le tristement anonyme Arthur Dent se promène-t-il outrageusement affublé d'un sac en peau de lapin, un os dans le nez, au beau milieu d'une finale de cricket? Et que fait Manin, l'androïde dépressif, à asséner ses considérations suicidaires aux improbables habitants des marécages de Squornshellous Zeta ? Pas de panique ! Car l'inénarrable, l'irremplaçable Guide du voyageur galactique saura une fois encore tirer d'affaire nos malheureux astrostoppeurs égarés; et peut-être, privilège suprême, leur révélera-t-il enfin le Grand Mystère de La Vie, de l'Univers et du Reste! 


Mon avis :

Cette fois, notre équipe d'aventuriers de l'espace a pour mission (qu'elle le veuille ou non) de sauver l'univers des agissements d'un super ordinateur  qui a quelques griefs contre ses occupants. Ils se déplacent cette fois dans un "vaisseau-restaurant-italien" qui fonctionne à l'aide des  interactions qui ont lieu dans la salle de restaurant avec toutes les incertitudes permises par les additions et les interactions entre les clients (robots et créatures variées).
L'imagination est toujours là, la loufoquerie aussi, mais je ne me suis encore pas lassé, j'ai lu cet épisode encore plus vite que les précédents.
Un tout petit bémol toutefois, il est absolument nécessaire  de goûter l'humour anglais pour apprécier et il se trouve que c'est mon cas.
Chapeau M. Douglas !
Chouette, il reste encore deux tomes !

Quelques citations :

D’après mon médecin, je souffre d’une malformation de la glande altruiste assortie d’une déficience de la fibre morale et en conséquence je suis dispensé de sauver les Univers.

Sur une note de restaurant, poursuivait Slartibartfast, le réel et l’irréel entrent en conflit à un niveau tellement fondamental que chacun vient prendre la place de l’autre et que tout devient possible dans les limites de certains paramètres.


mardi 24 juillet 2012

Le dernier restaurant avant la fin du monde - Adams Douglas

Le Guide Galactique Tome 2

Présentation de l'éditeur :

La cuisine anglaise est exécrable. Moins abominable, cependant, que la poésie des Vogons, un peuple fier, ombrageux, et éminemment irritable. D'ailleurs, les Vogons ont fait sauter la planète Terre, soi-disant par erreur. Pas de panique ! Grâce au fabuleux Guide du voyageur galactique, le pauvre Arthur Dent, ex-citoyen britannique désormais apatride et passablement désemparé devant tant d'inconvenance, pourra affronter sans crainte les improbables méandres d'un univers en folie. Rien ne l'empêchera, pas même un ascenseur dépressif, d'arriver à temps pour déguster le Plat du jour au Dernier Restaurant avant la Fin du Monde.

Mon avis : 
 
Nous retrouvons les personnages du "guide du routard galactique" à la recherche de l'homme qui dirige l'univers. Leur errance les emmènent à travers l'espace-temps, ce qui donne l'occasion à Adam Douglas de nous imaginer quelques hypothèses croustillantes pour répondre à quelques questions fondamentales. Mais  y aura-t-il LA réponse à LA question ? Dois-je le révéler ?
En fait, cela n'a pas d'importance, c'est vraiment l'imagination débordante de l'auteur qui est réjouissante. Ceci dit, je ne vous donnerai pas la réponse lisez le !
Plus j'avance dans cette série, plus je suis curieux de voir ce que donne le film qui en a été tiré … peut être après avoir terminé la série !


Quelques extraits :

lorsque les rédacteurs du Guide avaient été poursuivis par les familles de ceux qui étaient morts pour avoir pris à la lettre l’article sur la planète Tron (dont le libellé était : « Le Hanneton glouton de Tron fait le régal des touristes de passage » quand il fallait lire : « Le Hanneton glouton de Tron fait son régal des touristes de passage »), ils avaient argué que la première version de cette phrase leur paraissait esthétiquement plus plaisante, et cité donc en conséquence un poète qualifié pour qu’il vienne témoigner sous serment que la beauté était la vérité et la vérité la beauté, espérant par là même prouver qu’en l’espèce, le véritable coupable était la Vie elle-même, pour avoir failli à se montrer à la fois belle et vraie. Les juges soutinrent ce point de vue et, dans un poignant discours, accusèrent la Vie elle-même d’outrage à la Cour.

— Je venais tout juste de me matérialiser à la terrasse d’un de vos cafés à la suite d’une dispute avec le spectre de mon arrière-grand-père. À peine étais-je arrivé que mon ancien moi (celui-là même qui m’avait opéré le cerveau) jaillit sous mon crâne en disant : « Va voir Zarniwoop. »

Fort naturellement, bien des ascenseurs, devenus imbus de leur intelligence et de leur prescience, en venaient à ressentir quelque trouble frustration à passer stupidement leur temps à monter et descendre, monter et descendre et d’aucuns, après avoir caressé le fugace désir de glisser latéralement, en manière de révolte existentielle, exigeaient d’être partie prenante dans le processus de décision et finissaient par aller occuper les sous-sols. Pour y bouder.

Le Dernier Restaurant avant la Fin du Monde représente l’un des plus extraordinaires défis de toute l’histoire de la restauration. Il a été bâti sur les débris épars de… ou plutôt : il sera bâti sur les débris… enfin, c’est-à-dire qu’à cette époque, il aura été bâti… disons plutôt qu’il a été effectivement bâti.

Devenir son propre père ou mère ne soulève normalement pas de difficultés que ne puisse surmonter une famille équilibrée et large d’esprit. Changer le cours de l’histoire n’engendre pas non plus de problèmes particuliers : le cours de l’histoire demeure immuable parce qu’il se remet en place de lui-même comme un puzzle. Tous les changements importants se sont produits préalablement aux événements qu’ils sont censés changer et tout finit donc par s’arranger au bout du compte.

Les inconvénients engendrés par l’extraction de quantités de pâte collante et noire du sous-sol où elle reposait tranquillement sans gêner personne, aux seules fins de la convertir en goudron pour recouvrir le terrain, le convertir en fumée pour emplir l’air et finalement déverser le reste dans l’océan, semblaient de loin dépasser l’avantage de pouvoir se rendre plus rapidement d’un point à un autre, surtout lorsque (conséquence prévisible de cet état de choses) votre point d’arrivée était devenu fort semblable à celui de départ, c’est-à-dire : recouvert de goudron, rempli de fumée, et cruellement dépourvu de poisson. Et les faisceaux de transfert de matière, dans tout ça ? Avec un moyen de transport exigeant de vous démonter atome par atome pour les propulser à travers le sub-éther avant de les recoller ensemble alors qu’ils viennent tout juste d’avoir leur premier avant-goût de la liberté depuis des lustres, on ne pouvait que s’attendre au pire.

En résumé, il est un fait patent, que ceux-là mêmes qui ont le plus envie de gouverner les gens sont, ipso facto, les moins aptes à le faire. Pour résumer le résumé : quiconque est capable de parvenir à se faire élire président ne devrait à aucun prix être laissé libre d’exercer cette fonction. Pour résumer le résumé du résumé : les gens sont un vrai souci.

Cherchant une fois encore à refermer la mâchoire, le cerveau perdit les commandes de la main gauche qui se mit dès lors à divaguer sans but. L’espace d’une seconde, le cerveau essaya de rattraper la main gauche sans pour autant abandonner la bouche tout en essayant simultanément de réfléchir à ce qui était enseveli dans la glace – raison sans doute pour laquelle les jambes se dérobèrent sous Arthur qui s’effondra donc paisiblement sur le sol.


dimanche 22 juillet 2012

Rues secrètes - Pierre mac Orlan

Présentation de l'éditeur :


Chantre de la bohème Montmartroise, Pierre Mac Orlan fut aussi un des maîtres du roman d'aventures. Son œuvre participe de ce qu'on a pu appeler la " découverte poétique du monde ". Avec Rues secrètes, c'est à un voyage littéraire que nous sommes conviés. Ce reportage au sens le plus noble du terme nous conduit dans les " quartiers réservés " de plusieurs grandes villes - notamment d'Afrique du Nord - au milieu des années 1930 : Tunis, Alger, Casablanca, mais aussi Barcelone, Strasbourg et Berlin. Prostituées mélancoliques, légionnaires tendres ou assassins, petits Blancs furtifs, princes ou voyous en quête de plaisir et d'argent, proxénètes, indics et policiers, mille personnages traversent ce chef-d'œuvre du pittoresque social, tous ennoblis par la tendresse attentive du regard de Mac Orlan. 

Mon avis :

Pierre Mac Orlan endosse dans ce livre son habit de journaliste pour s'engager dans une description des "quartiers réservés". Nous sommes au début des années 1930.
Le livre est découpé en diverses villes (Tunis, Casablanca, Alger, Barcelone, Berlin , Marseille et Strasbourg) qu'il regarde au travers des quartiers où s'exerce la prostitution.
Autant les villes d'Afrique du nord sont traitées avec un certain exotisme et un certain paternalisme  (c'est pourquoi, il me semble important de rappeler que ce livre est écrit au début des années 1930 pour éviter les anachronismes), autant on voit apparaître pour les villes plus européennes, d'autres angles pour le regard, comme le banditisme, la misère  où encore le puritanisme ambiant.
Dans le Berlin de ces années là , Pierre Mac Orlan montre la misère et l'arrivée du nazisme et je me suis surpris à trouver une certaine concordance des temps avec les montées spectaculaire de l'extrême droite dans des pays en forte crise à l'heure actuelle. A Marseille, c'est le lien avec le banditisme. A Barcelone, c'est plutôt l'observation des mœurs des autorités qui font disparaître les cotés peu reluisants de la ville à l'occasion de l'exposition universelle. Et enfin,  à Strasbourg, il nous livre une analyse des conséquences que pourrait avoir le puritanisme et la fermeture des maisons closes pour la santé publique, finalement des sujets que l'on voit reparaître assez régulièrement dans l'actualité.
Un regard donc de journaliste, assez moderne dans son approche et ses analyses, le style restant vraiment littéraire. L'écriture n'a pas trop vieillie et ce livre se lit facilement même si le sujet n'est pas dans nos préoccupations.

Quelques extraits :

 Naturellement, comme au début de toutes les explorations de ce genre, un ami m'attendait. Je ne pouvais espérer un meilleur guide. L'un et l'autre, nous savions flâner et tomber dans un certain monde sans nous raidir. Je déteste pénétrer en moraliste en des lieux où les moralistes n'ont que faire. Il n'y  a guère de plus affreuse hypocrisie. j'aime les quartiers réservés pour les raisons que j'ai dites plus haut, et je ne me sens pas le besoin de juger ceux qui les habitent pour en vivre et ceux qui les fréquentent pour des causes qui ne me regardent point. j'étais là, tout simplement  parce que le spectacle m'émouvait, qu'il était rare, qu'il ne manquait point de distinction. En évitant de consommer dans ces royaumes de la chair jeune ou flétrie, on y apprend bien des choses. J'étais en route pour apprendre et voir, pour "m'émerveiller de voir".

Quand tous les bordels du monde seront remplacés par des autoclaves où l'on purifiera clients et filles, on assistera à de curieux spectacles clandestins, et les créations de cette exaltation secrète seront terrifiantes. On connaît les résultats de la lutte contre l'alcool aux Etats Unis,. Il serait cruel d'insister sur les résultats de cette expérience de bigots exaspérés.

A celles-là, à ces ruines vivantes qui peuvent habiter des rues comme la rue Vasaet-el-Gir, au Caire, on peut offrir par charité la "prise" libératrice qui leur fera entrevoir une destinée plus conforme aux idées générales que l'on est en droit d'accueillir au sujet du bonheur humain. Malheureusement, il n'est pas que les désespérés légitimes pour avoir recours à la drogue. Le snobisme crée un besoin nouveau, le snobisme et la nervosité imbécile d'une époque particulièrement inquiétante.

Ce sont des hommes qui deviennent précieux tout d'un coup, puis qui disparaissent, se fondent dans la nuit comme un morceau de sucre dans un liquide chaud. Ces hommes là, on est parfois content de les rencontrer au coin d'une rue d'une ville inconnue, devant un mystère romantique dont il faut se méfier. L'homme qu'on rencontre la nuit se fait un vrai plaisir de remettre les choses au point.

mardi 10 juillet 2012

Le guide du voyageur galactique - Adams Douglas

Présentation de l'éditeur :


Comment garder tout son flegme quand on apprend dans la même journée : que sa maison va être abattue dans la minute pour laisser place à une déviation d'autoroute ; que la Terre va être détruite d'ici deux minutes, se trouvant, coïncidence malheureuse, sur le tracé d'une future voie express intergalactique ; que son meilleur ami, certes délicieusement décalé, est en fait un astrostoppeur natif de Bételgeuse, et s'apprête à vous entraîner aux confins de la galaxie ? Pas de panique ! Car Arthur Dent, un Anglais extraordinairement moyen, pourra compter sur le fabuleux Guide du voyageur galactique pour l'accompagner dans ses extraordinaires dérapages spatiaux moyennement contrôlés.

Mon avis :

Un roman de science fiction dans lequel on apprend que la terre ne serait qu'un super ordinateur construit pour répondre à quelques question essentielles pour la galaxie, si  on ajoute que ceux qui surveillent le fonctionnement de cette super-machine sont des souris blanches un peu caractérielles, l'épopée galactique de notre groupe de héros peut sembler du coup parfaitement normale. Deux terriens, un astrostoppeur, un président de la fédération galactique, un robot dépressif vont peu à peu se retrouver pour un voyage loufoque aux péripéties improbables mais réjouissantes. Le guide du voyageur galactique nous donne de temps en temps les explications nécessaires à suivre (pas forcément à comprendre) les différentes aventures de nos héros.
Une écriture pleine de jeux de mots et de loufoquerie, un humour souvent décalé pour une histoire  à laquelle on se laisse prendre et que l'on ne peut plus lâcher. Réjouissant ! Et il y a plusieurs tomes !

Quelques extraits :

Les déviations sont ces dispositifs permettant à certaines personnes de se précipiter à fond de train du point A au point B tandis que d’autres personnes en font de même mais du point B au point A. Les gens qui vivent au point C, exactement situé à mi-chemin, ont souvent tendance à se demander ce qu’a de particulier le point A pour que tant de gens du point B aient envie de s’y rendre et ce qu’a de particulier le point B pour que tant de gens du point A aient envie de s’y rendre. Bien souvent ils préféreraient que les gens décident une bonne fois pour toutes où diable ils ont envie de se fixer.

L’une des choses que Ford avait toujours eu le plus de mal à comprendre chez les humains était leur manie de perpétuellement dire et répéter les plus plates évidences, genre : « Quelle belle journée » ou : « Comme vous êtes grand » ou bien : « Chéri, j’ai l’impression que tu es tombé au fond d’un puits de dix mètres, est-ce que ça va ? »

lundi 2 juillet 2012

L'homme illustré - Ray Bradbury

Présentation de l'éditeur :


" Il retira sa chemise et la roula en boule. De l'anneau bleu tatoué autour de son cou jusqu'à la taille, il était couvert d'illustrations. "Et c'est comme ça jusqu'en bas", précisa-t-il, devinant ma pensée. "Je suis entièrement illustré. Regardez !" Il ouvrit la main. Sur sa paume, une rose. Elle venait d'être coupée ; des gouttelettes cristallines émaillaient ses pétales délicats. J'étendis ma main pour la toucher, mais ce n'était qu'une image. "Mais elles sont magnifiques ! m'écriai-je. - Oh oui, dit l'Homme Illustré. Je suis si fier de mes Illustrations que j'aimerais les effacer en les brûlant. J'ai essayé le papier de verre, l'acide, le couteau... Car, voyez-vous, ces Illustrations prédisent l'avenir." " Dix-huit Illustrations, dix-huit histoires à fleur de peau par l'un des plus grands poètes du fantastique et de la science-fiction. 

Mon avis : 

Un homme illustré rencontre le narrateur, qui, fasciné, va regarder chacune des scènes dessinées sur le corps de son compagnon d'un moment. Or ces scènes ne sont pas de simples tatouages, mais chacune s'anime et raconte une histoire.  Cette toute petite partie du livre permet de donner un cadre à ce recueil de nouvelles de sciences fiction qui explore quelques avatars de possibles évolutions de la science. Du conflit entre les parents et les enfants qui finissent par se révolter en utilisant leur salle de jeu très particulière, à la colonisation de mars par les noirs américains opprimés en passant par  la fuite sur mars, qui est beaucoup mise à contribution dans ce recueil, des auteurs de livres interdits sur la terre .
Le format de la nouvelle, permet à Ray Bradbury de s'affranchir des détails scientifiques supposés supporter les évolutions de notre monde, ce qui permet au récit d'avoir une certaine légèreté et de se concentrer sur une caractéristique de caractère ou de comportement des personnages où des populations.
Le style n'a absolument pas vieilli, et je me suis laissé prendre par l'ambiance à chaque fois différente de ces dix-huit nouvelles. Un livre  à (re)lire absolument.
A la fin, bien sur, on revient à la dernière scène promise par l'homme illustré au narrateur, et qui doit le concerner directement … et effectivement, elle le concerne !

Quelques extraits :


Nous sommes tous idiots, dit Clemens, sans arrêt. Seulement cela change tous les jours. Nous nous disons : Je n’ai pas fait l’idiot aujourd’hui, j’ai appris ma leçon. J’ai été un idiot hier, mais pas ce matin. Et puis, le lendemain, on s’aperçoit qu’on l’a été encore une fois. Je crois que la seule façon que nous ayons de grandir et de faire notre chemin dans ce monde, c’est d’accepter le fait que nous ne sommes pas parfaits, et de vivre en conséquence.

J'ai besoin de ça, tenir toujours les choses à ma portée, afin d’y croire. Comme c’est lourd, et gauche, d’avoir besoin de sortir pour aller chercher et rapporter quelque chose de terriblement physique pour prouver quelque chose. Je déteste les choses physiques, car on peut les laisser tomber ; et alors il devient impossible de croire qu’elles existent.

Mrs Morris rentra et s’assit dans le fauteuil électrique à relaxation, en buvant quelques gorgées dans son verre à moitié vide. Le fauteuil lui massa le dos. « Ah, les enfants ! Les enfants, l’amour et la haine, côte à côte. Quelquefois les enfants vous aiment, et ils vous détestent l’instant d’après. Étranges enfants, oublient-ils jamais ou pardonnent-ils les corrections et les paroles sévères ? Comment, se demandait-elle, peut-on jamais oublier ou pardonner ces grandes personnes qui vous dominent, ces tyrans de haute taille, et stupides ? »